L’affaire avait ému toute la Suisse : l’été dernier, une jeune mère de famille syrienne a perdu son bébé en gare de Brigue, sans que personne ne lui porte secours. Suha traversait la Suisse avec son mari, ses autres enfants et ses parents, pour se rendre en Allemagne. Elle a été refoulée à la frontière de Vallorbe, sans visa valable. Sommes-nous devenus inhumains ou simplement dépassés par le drame des migrants ?
Venus depuis la Libye, après avoir traversé l’Italie, Suha – enceinte de 7 mois – son mari Omar et leurs trois enfants voulaient rejoindre la France. Le 3 juillet 2014, ils prennent le train de nuit à Milan pour traverser la Suisse. Arrivés à Vallorbe à 4h du matin le samedi, le couple et leur enfant sont contrôlés par la douane française. Ils n’ont aucun visa. Avec 31 autres migrants, la famille doit être reconduite par les gardes-frontière suisses à la frontière italienne. Ils sont alors pris en charge dans des bus. Malgré des douleurs répétées au ventre et les alertes données par son mari, Suha est emmenée avec tous les autres jusqu’à Brigue. Là, elle se met à saigner. Ce n’est qu’une fois arrivée à Domodossola que Suha a été prise en charge par une équipe médicale qui n’a pu que constater le décès du fœtus…
Pourquoi n’a-t-on pas porté secours à Suha ? Pourquoi les douaniers ont-ils regardé ailleurs, alors que la jeune femme se tordait de douleur ? Les éclairages et témoignages des différents acteurs de ce drame, dont ceux de Suha et de son mari, permettent la reconstitution des faits.